Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/142

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soldats, un esclave qui lui avait servi du pain meilleur que celui dont l’armée se nourrissait.

Il dormait dans un chariot et se faisait réveiller toutes les heures pour visiter les travaux d’un siège ou d’un camp. Il était toujours environné de secrétaires, et quand il n’avait plus d’ordres militaires à dicter, il composait des ouvrages littéraires. C’est ainsi qu’allant de la Lombardie dans les Gaules, il dicta, en passant les Alpes, un traité sur l’analogie. Il composa l’Anti-Caton quelque temps avant la bataille de Munda, où, dit-on, il fut sur le point de mettre fin à son rôle, voyant que la victoire allait lui échapper. Suétone nous apprend qu’il écrivit un poëme intitulé le Voyage, dans les vingt-quatre jours employés à son expédition d’Espagne.

Voici des détails : César s’empara de tout ce que possédaient les Gaulois alors fort riches ; mais, après avoir payé ses dettes particulières, qui s’élevaient, dit-on, à trente-huit millions de francs, il prit l’habitude de distribuer à ses soldats tout l’argent qu’il ramassait. Il arriva de là que les soldats de la république devinrent peu à peu les soldats de César.

Voici le portrait que nous a laissé Suétone, sorte de Tallemant des Réaux, bien bas.