Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/145

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trente-huit ans, une guerre semblable à celle de César contre les Gaulois, c’est la campagne d’Égypte. Les mamelucks avaient la bravoure extrême et inconsidérée de nos ancêtres. Tous les médiocres dangers de l’armée d’Égypte vinrent de ce qu’on était séparé de la patrie ; mais, quand César le jugeait nécessaire, il allait chercher des recrues à Milan et à Ravenne. Vaincu, il aurait trouvé une retraite assurée dans un pays fertile.

Napoléon a donc eu raison ; la guerre des Gaules n’était pas faite pour mettre César au rang d’Annibal et d’Alexandre. César apprit la guerre dans la Gaule, y trouva des sommes énormes, y forma ses soldats, et y joua la comédie avec un si rare talent, qu’il ne rentra dans Rome que couvert de gloire et défendu par l’enthousiasme de ses légions.

Ce fut avec ces avantages qu’il aborda la grande guerre, la guerre véritable, Pharsale, Munda, et des soldats qui en savaient autant que les siens.

En 1796, le général Bonaparte, inconnu, d’une naissance obscure, a fait sa plus belle campagne, qui est la première, contre les meilleures troupes de l’Europe, commandées par les généraux les plus célèbres. Il avait contre lui les prêtres et les nobles des pays où il se battait, il devait obéir