Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/151

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le groupe est absent. Le banquier, qui est membre de la légion d’honneur, maire de la ville, fort lié avec le préfet, etc., etc… se rend aussitôt dans le bourg où il a envoyé son groupe. C’est un homme d’une taille énorme et fort important ; il vient faire tapage à la diligence, prétend qu’elle doit lui rendre cinquante mille francs ; qu’il va faire un procès, qu’il fera venir un avocat de Paris ; que s’il le faut il dépensera une autre somme de cinquante mille francs pour ravoir la première ; en un mot il fait l’important de la façon la plus comique. Toutefois il avait raison ; il terrifie la diligence.

Il y avait là un postillon italien qui prend à part le domestique de ce banquier terrible.

— Est-il bien vrai, lui dit-il, qu’il y eût cinquante mille francs dans le groupe ?

— Certainement, répond le domestique, je les ai vu compter.

— Il était pourtant bien petit.

— C’est qu’il y avait de l’or.

— Eh bien allez dire à votre maître que s’il veut se désister de toutes poursuites, par un bon écrit passé sur papier timbré chez un notaire, je lui ferai retrouver son argent.

Trois heures après, le gros banquier revit son groupe. Le postillon, prenant