Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/158

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À Toulouse, on trouve une véritable disposition pour la musique. J’expose rapidement les sensations que j’ai rencontrées dans mes voyages, et je ne garde pas toutes les avenues contre la critique ; je sais, par exemple, que Nîmes est sur la rive droite du Rhône.

En remontant des Pyrénées vers le nord, nous voici à cet heureux pays où les gens se peignent tout en beau, et ne doutent de rien. La Gascogne, de Bayonne à Bordeaux et Périgueux, a fourni à la France les deux tiers des maréchaux et généraux célèbres : Lannes, Soult, Murat, Bernadotte, etc., etc. Je trouve infiniment d’esprit naturel à Villeneuve-d’Agen et à Bordeaux, mais, en revanche, bien peu d’instruction ; ce qui a valu[1] une teinte noire à ces départements dans la carte de M. le baron Dupin. Le paysan est tout à fait barbare vers Rodez et Sarlat, mais rien n’égale son génie naturel. Il pourrait lire Don Quichotte avec plaisir, tandis que le Normand n’y remarquerait que quelques idées fort judicieuses de Sancho Pança. Dans tous ces pays, le bourgeois est possédé du fanatisme de la propriété. Un homme a-t-il un domaine

  1. Correction de 1834. L’édition originale avait imprimé : « ce qui a donné… » N. D. L. É.