Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/161

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cription, mais avec lequel on fait aussi quelquefois de bien bons marchés, en se faisant payer pour lui envoyer à Paris les députés qu’il demande.

Les peuples furent électrisés par Napoléon. Depuis sa chute et les friponneries électorales et autres qui suivirent son règne, les passions égoïstes et vilaines ont repris tout leur empire : il m’en coûte de le dire, je voudrais me tromper, mais je ne vois plus rien de généreux.

Chacun veut faire fortune, et une fortune énorme, et bien vite, et sans travailler. De là, dans le Midi surtout, jalousie extrême envers l’homme qui a su accrocher du gouvernement une place de six mille francs ou même de trois mille ; on ne considère point qu’il donne en échange son travail et son temps, qu’il pourrait employer à gagner de l’argent par le barreau ou dans le commerce. On regarde tout fonctionnaire public comme un escroc qui s’empare de l’argent du gouvernement.

Ces façons de voir ridicules se rencontrent rarement dans la partie civilisée de la France, que je placerais au nord d’une ligne qui s’étendrait de Dijon à Nantes. Au midi de cette barrière, je ne vois d’exception que Grenoble et Bordeaux ; Grenoble s’est un peu élevée au-dessus de