Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/165

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dans un mur de fortification. J’ai trouvé quatre piiastres corinthiens construits avec beaucoup de soins, la frise présentait des armures.

Langres fut la patrie de Sabinus et d’Éponine, dont la mort nous touchait si vivement au collège. C’est la seule histoire touchante que nos maîtres pédants n’eussent pas proscrites. On ménageait nos mœurs, et l’on nous faisait expliquer Ovide.

J’ai vu avec beaucoup de plaisir que l’on complète les fortifications de Langres. En cas de guerre, les braves gens de ce pays se chargeraient de défendre leur ville, ils ne demanderaient que quelques artilleurs. Le souvenir des horreurs et des pilleries de 1814 est encore vivant.

J’ai admiré la promenade de Blanche-Fontaine et ses beaux arbres.

La colline sur laquelle Langres est perchée est un contre-fort de la longue chaîne de montagnes qui court nord et sud, de Mézières à Beaune, à Mende et à Saint-Pons. La vue qu’on a de Langres est d’une immense étendue. Un homme fort poli, qui se promenait à Blanche-Fontaine en même temps que moi, m’indique la montagne où prennent leurs sources quatre rivières, la Marne, la Meuse, la Vingeanne et la Mance, qui portent leurs eaux, les unes à l’Océan, les autres à la Méditerranée.