Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/178

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que les lettres du président de Brosses.

Il y a, ce me semble, deux races d’hommes bien distinctes dans les rues de Dijon, les Francs-Comtois, grands, élancés, lents dans leurs mouvements, à la parole traînante, ce sont des Kimris : ils font un contraste parfait avec les Gaels, dont j’ai reconnu souvent ici la tête ronde et le regard plein de gaieté.

Heureux les artistes de Dijon s’ils plaisent à la société parlementaire, c’est la classe qui en ce pays forme l’aristocratie ; on lui accorde beaucoup d’esprit.

J’ai vu en courant la grande salle du parlement de Bourgogne, Saint Bénigne, dont la voûte est à quatre-vingt-quatre pieds d’élévation et le coq à trois cents pieds. Au portail, on voit un bas-relief de Bouchardon ; c’est le martyre de saint Étienne, qui m’a rappelé le portail du midi de Notre-Dame de Paris. Notre-Dame de Dijon est de 1354 ; c’est un gothique très orné. J’ai remonté sur la haute tour commencée en 1367 par Philippe le Hardi, et achevée par Charles le Téméraire. J’ai fini par la maison de Bossuet ; était-il de bonne foi ?

En courant la poste, j’ai appris des anecdotes curieuses sur M. Riouffe, préfet de la Côte-d’Or vers 1802, et qui fut l’ami