Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/180

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de sérieux, de style, on est au village. J’ai voulu revoir les jolis petits moines en marbre de dix pouces de haut ; il faut souvent aller chercher leur figure au fond de leur capuchon (comme dans les statues de Notre-Dame de Brou).

Voici de la métaphysique. À Paris, un homme de la société n’a pas besoin de marquer par son esprit pour oser mépriser ouvertement un acteur qui n’a d’autre mérite que de copier les gestes de Vernet (des Variétés), mais il considère fort un sculpteur qui copie platement les statues grecques. C’est que cet homme de la société ne comprend rien à la sculpture, et qu’il est juge excellent du talent de Vernet. Il dirait fort bien à un acteur : « Monsieur, il faut copier la nature, et non pas l’agréable copie de la nature que Vernet nous présente dans Prosper et Vincent » ; mais dans les statues, l’homme de la société ne voit que la difficulté de trouver à leur sujet des phrases qui semblent agréables aux femmes qu’il conduit à l’exposition.

Et d’ailleurs, le marbre est si dur ! quelle difficulté à le travailler ! Il ne peut donc que répéter les phrases de son journal.

Je me suis convaincu l’an passé, à Lyon et à Marseille, que, pour un homme occupé