Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/192

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temple d’Athènes ou le Panthéon de Rome, ou du moins la Maison-Carrée. Mais elle serait écrasée par la hauteur de nos maisons.

À Autun, quel contraste ! Le caractère d’un brave Gaulois furieux contre les Romains de César, et le caractère du bourgeois montant la garde en biset devant le porte d’Arroux !

Et cependant le soixantième ancêtre de ce bourgeois piteux était un Gaulois citoyen de Bibracte ! Voilà, il faut en convenir, un résultat bien glorieux de notre civilisation moderne ! Elle produit le Diorama et des chemins de fer ; on moule admirablement, d’après nature, des oiseaux et des plantes ; en vingt et une heures un Parisien verra Marseille ; mais quel homme sera ce Parisien ?

En nous ôtant les périls de tous les jours, les bons gendarmes nous ôtent la moitié de notre valeur réelle. Dès que l’homme échappe au dur empire des besoins, dès qu’une erreur n’est plus punie de mort, il perd la faculté de raisonner juste et surtout celle de vouloir.

J’ai eu affaire hier à un jeune avocat de Mâcon : il possède une maison qui lui donne cinq mille francs, et par son travail il en gagne dix ; il n’a que trente ans ;