Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/240

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bien meilleure figure auprès de ses associés.

— Eh bien, reprend l’oncle, je puis vous escompter toutes ces traites au taux fort modéré de un pour cent. Et Tomkimps reprend gravement les traites, et donne en échange à son neveu un bon de quatre cent quatre-vingt-quinze mille francs sur son banquier.

M. S*** me demande quel est le moyen, pour un étranger, de connaître la France.

— Je n’en vois qu’un seul assez peu agréable, lui dis-je ; il faut passer six ou huit mois dans une ville de province peu accoutumée à voir des étrangers. Et, ce qui est plus difficile pour un Anglais, il faut être ouvert, bon enfant, et n’établir de lutte d’amour-propre avec personne. Si vous voulez connaître la France moderne et civilisée, la France des machines à vapeur, placez votre tente au nord de la ligne de Besançon à Nantes ; si c’est la France originale et spirituelle, la France de Montaigne que vous voulez voir, allez au midi de cette ligne.

Je ne vous défends pas de venir tous les deux mois respirer à Paris pendant huit jours ; mais ne manquez pas, au retour, de jurer à vos amis provinciaux que vous préférez de beaucoup, à Paris, la ville de… (que vous avez choisie). Ajoutez que vous n’allez à Paris que pour affaires.