Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/262

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En 1705, on trouva sur la montagne de Fourvières, dans l’ancien Lugdunum, ce bel autel sur lequel on lit la curieuse inscription relative à un taurobole, offert, l’an 160 de Jésus Christ, pour la santé de l’empereur Antonin le Pieux. Voici ce qui se pratiquait :

On creusait une grande fosse où descendait le prêtre ; il avait une robe de soie et une couronne sur la tête. On immolait la victime dont le sang arrosait le prêtre ; il devait se retourner pour le recevoir sur toutes les parties du corps. Cela fait chacun se prosternait devant lui, et ses habits ensanglantés étaient conservés avec un respect religieux. Certaine partie du taureau était placée dans un lieu particulier. Cette cérémonie doit être d’une origine bien ancienne ; elle respire, ce me semble, cette énergie féroce qui convient à la religion des peuples jeunes encore ; le taurobole était une expiation, une sorte de baptême de sang, que l’on renouvelait tous les vingt ans.

L’autel de Lyon est le plus beau monument de ce genre, c’est ce qui m’a engagé à transcrire ici tout ce que le lecteur vient de lire. Cet autel a trois faces : la principale présente une tête de taureau parée de bandelettes, laquelle partage l’inscription en deux. La seconde face a un crâne de