Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/274

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J’ai compris que c’est Saint-Vernange qui tient la bourse. Brémont ne lui permet de lui parler argent que le premier et le quinze de chaque mois ; alors, comme ils disent, on fait la caisse : c’est un jour malheureux.

(Hélas depuis le souper de Lyon les choses ont bien changé. Rien n’a jamais troublé la singulière amitié de Saint-Vernange et de Brémont. Celui-ci a enfin hérité de sa tante de Rotterdam ; il s’agissait de soixante-dix ou quatre-vingt mille livres de rente. Il prend un passeport pour Paris, donne un admirable souper pour célébrer la bienvenue de l’héritage et prendre congé de ses amis de Hollande. À la fin du souper, il se plaint d’un mal à la tête ; deux heures après il n’était plus.

Le pauvre Pétrone désolé a envoyé chercher le juge, a fait mettre le scellé partout et a disparu. On le dit dans un couvent de trappistes ; il en sortira bientôt. Le père de Brémont, qui hérite, a trouvé vingt-trois mille francs dans le portefeuille de son fils, et tous ses bijoux à leur place.)