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— Lyon, le 1er juin 1837.

Je suis allé à Saint-Étienne par le chemin de fer[1] ; mais en vérité je ne puis dire autre chose de cette ville, sinon que j’y ai vendu deux mille cinq cents francs payables en marchandises une créance de quatre mille que je croyais absolument sans valeur.

On vendait les effets d’un pauvre homme qui a fait banqueroute (chose fréquente en 1837, c’est le contre-coup de l’abus des billets de banque en Amérique). J’ai acheté une fort bonne carte des montagnes de France. Système de M. de Gasparin.

Par bonheur, j’ai rencontré à Saint-Étienne un de mes camarades des colonies ; il est sur le point d’épouser, à Paris, la fille d’un riche d…, qui lui apporte en dot une fort belle place à Melun ou à Beauvais ; mais il faut colorer ce brillant avancement par une espèce d’apprentissage, et on l’a envoyé avant le mariage passer six mois à Saint-Etienne.

Cette ville, me dit-il, offre sans doute

  1. L’imprudence et l’étourderie françaises amènent la mort d’une quantité étonnante de pauvres diables sur ce chemin de fer. Chaque semaine il y a des accidents. Ce serait une addition curieuse à faire.