Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/285

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phiné ; il ne revint que le lendemain. Le procès prétendu dura longtemps ; ensuite le jeune homme trouva des prétextes pour rester à Lyon. Il prit le goût de la pêche, et péchait souvent dans le Rhône sous les fenêtres de la maison qu’il habitait.

Pendant les cinq premières années qu’a duré cette intrigue, jamais elle ne fut soupçonnée. La dame était devenue plus jolie, mais en même temps fort dévote ; puis elle s’était plainte de sa santé, et vivait beaucoup chez elle. Le monsieur allait présenter ses devoirs à cette belle voisine une fois tous les ans, vers Noël. Lui-même passait pour dévot.

Cependant la dernière année, qui était la sixième de ce genre de vie, on commença à soupçonner qu’il pouvait bien y avoir quelque intelligence entre les deux voisins ; on prétendit, dans la maison, que la dame écrivait souvent au jeune Dauphinois : lui, si rangé autrefois, ne rentrait plus le soir qu’à des heures indues. Vers l’automne, il partit pour Grenoble comme à l’ordinaire ; mais il ne revint plus, et l’on apprit qu’il s’était marié. Il avait même épousé la fille d’un riche juif, qui avait un nom si ridicule que je n’ose le répéter.

La dame fit venir des ouvriers de Valence qui exécutèrent de grands changements dans son appartement. Elle avait