Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’on fasse, l’Angleterre ne se mettra jamais en colère contre la France. Quand le sénat de Rome voyait le peuple s’obstiner à demander une réforme raisonnable, il faisait naître une guerre. Les tories voudraient bien imiter cette bonne et vieille tactique ; mais la liberté de la presse dérangerait leurs belles phrases sur l’amour de la patrie, sur le devoir de la venger, etc.

Après ces grandes questions traitées à fond, nous arrivons à de petits détails moins sérieux. « Ce qui nous embarrasse beaucoup en Angleterre, dit mon ami, ce sont les coups de bâton qu’il est d’usage d’administrer aux soldats qui font des fautes.

» Vous savez que les enquêtes parlementaires sont des choses sérieuses parmi nous ; le duc de Wellington, homme dévoué au pouvoir, quel qu’il soit, mais d’un sens profond, et, en son genre, bien meilleur soutien du despotisme que M. de Metternich, a répondu dans l’enquête : « Si vous supprimez les coups de bâton, il faudra faire officiers les soldats qui se conduiront bien, comme cela se pratique en France. Si nos soldats n’ont plus la crainte, il faut leur donner l’espérance, car sans l’un de ces deux mobiles l’homme ne marche pas.