Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/314

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2o Oublier tous les ans l’Italie ; chaque année j’irais revoir Milan, Florence, Rome, Naples, etc. ;

3o Oublier tous les mois les Mille et une nuits et D. Quichotte.

Le fameux sir Robert Walpoole, le corrupteur, a acheté le parlement de son temps (1721) ; mais il a corrompu en faveur de la liberté. La majorité de la nation et du parlement étaient tories ; les villes seules voulaient la liberté en ce temps-là, tout le reste était jacobite, et même avec passion. Les villes ont fini par tout absorber : en effet, le jeune homme du village, qui se sent de l’activité et de l’intelligence, vient à la ville pour faire fortune ; il prend à demi les opinions de la ville, son fils les a tout à fait.

J’évite avec soin, non pas d’écrire, mais de livrer à l’impression les opinions irritantes : mais d’ici à 1847 la mode aura changé peut-être deux fois. Plus la mode est excessive, plus vite elle meurt ; on comprendra que s’ennuyer, même au nom de la vanité et de nos privilèges, est un ennui.

Il me semble qu’en France il n’y a que les villes, Strasbourg, Dijon, Grenoble, etc., qui veuillent sincèrement la liberté de la presse, sans laquelle le jury serait bientôt remplacé par un jury spécial