Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
295
VIENNE

sales des aqueducs romains. Une portion d’aqueduc sert maintenant de magasin à fagots chez un boulanger.

Le guide m’a conduit à ce qu’on appelle ici l’Aiguille : c’est une pyramide qui s’élève au milieu d’un champ, à peu de distance des dernières maisons du faubourg, du côté de Valence. Ce monument est réellement antique, mais il est bien laid. On distingue d’abord une pyramide à quatre pans, creuse dans une partie de sa hauteur ; elle est posée sur une base carrée, laquelle est soutenue par quatre arcades moins laides que la pyramide elle-même, et sous lesquelles on peut passer. Aux quatre angles sont des colonnes engagées. Le sommet de la pyramide est à soixante-douze pieds de terre.

Comme les chapiteaux des colonnes ne sont qu’ébauchés, je croirais que ce monument, quel qu’il soit, n’a jamais été terminé. On sait que les Romains ciselaient sur place les détails d’architecture. La pyramide de Vienne a du moins le mérite d’être faite avec des pierres énormes et parfaitement jointes. On n’aperçoit aucune trace du ciment ; mais on voit dans les pierres, comme au Colisée de Rome, des trous profonds pratiqués par les Barbares, apparemment pour voler des crampons de métal.