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HISTOIRE DU GOTHIQUE

patience, après avoir dit ce que c’est que le gothique, je demande la permission d’ajouter six pages pour son histoire.


HISTOIRE DU GOTHIQUE

Le septième siècle fut déjà bien barbare ; voyez les plaintes de l’historien Frédégaire :

« J’aurais désiré, dit-il dans son découragement, qu’il me restât assez de facilité d’écrire pour que je pusse être même de loin, comme tels et tels (il nomme les écrivains qui l’ont précédé) ; mais l’on puise difficilement là où l’eau ne coule plus tous les jours. Le monde devient vieux, et c’est pourquoi la sagacité s’émousse en nous ; personne, dans ce temps, ne peut et n’ose être semblable aux orateurs qui ont précédé[1]. »

Charlemagne, ce puissant génie, appela des étrangers savants : un jour il ordonna

  1. Obtaveram et ego ut mihi succumberet talis dicendi facundia, ut vel paululum essem ad instar (il nomme ici Grégoire de Tours et les autres écrivains qui l’ont précédé). Sed rarius hauritur ubi non est perennitas aquæ. Mundus jam senescit, ideoque prudentiæ acumen in nobis tepescit, nec quisquam potest hujus temporis, nec præsumit oratoribus præcedentibus esse consimilis. Scriptores rerum franc., t. II, p. 414.

    Frédégaire, mort vers 658.

    Grégoire de Tours, mort vers 595.