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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

se rencontrent souvent avec des temps abominables. Eh bien ! cette considération, qui eût été capitale pour des hommes de sens, n’eut presque pas d’influence sur la forme des églises, tant les prêtres avaient pris soin de brouiller nos bons aïeux avec la logique.

Les toits des églises, qui pouvaient avoir à supporter d’énormes quantités de neige, furent longtemps plats comme les toits des heureux climats d’Orient.

Les quatre causes que je viens d’indiquer durent agir d’une façon bien différente, à Paris par exemple, placé si loin de tout grand édifice romain[1], et à Nîmes ou à Aix, environnées de magnifiques monuments de l’antiquité. Les cirques d’Arles et de Nîmes, le pont du Gard, la Maison carrée, l’arc de triomphe et le théâtre d’Orange, et d’autres édifices qui peut-être existaient au onzième siècle et ont été détruits depuis cette époque, donnaient des leçons de grandiose aux

  1. Je ne puis garder toutes les avenues contre la critique : j’ai si peu d’espace. Je sais qu’on peut dire qu’on voyait peut-être à Paris, au onzième siècle, le palais de Julien ; à Lillebonne, quelques constructions antiques, etc. Mais il serait bien difficile, ce me semble, de prouver que ces édifices existaient alors ; 2o qu’ils étaient comparables à ceux de Nîmes, d’Arles et d’Orange. Au onzième siècle, comme de nos jours, l’habitant de Paris qui voulait voir quelque chose d’antique devait aller au moins jusqu’à Autun, dont l’amphithéâtre existait sans doute encore au onzième siècle.