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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

leur au grand portail gothique, récemment restauré. Cette couleur, destinée à le mettre en rapport avec ce qui l’environne, me semble un peu trop bleue.

J’ai retrouvé le portier, et avec lui je me suis couvert d’une noble poussière en montant dans les galeries de l’église et à la tour. La triste plaine que l’on aperçoit de là-haut est à peine variée par quelques ondulations couvertes de bois, au milieu desquels j’ai reconnu la ligne blanche de la grande route de La Charité et la brèche qu’elle forme dans les arbres.

Je suis descendu de nouveau dans l’église souterraine. Mais combien n’était-elle pas plus belle hier soir, à la lueur de notre unique lampe ! J’y ai vu quelques sculptures médiocres ; les draperies sont moins laides que les parties nues. La magnifique sacristie a été bâtie par Jacques Cœur.

Rien n’est plus curieux, et j’oserai même dire plus joli que les deux portes latérales de l’église. Celle qui est du côté de l’archevêché, c’est-à-dire au midi, a des figures dont les draperies seraient dignes d’une statue romaine. M. Julien, l’habile architecte de la cathédrale, en a restauré les arcs-boutants avec toute la grâce possible. Il a placé sur le toit une balustrade en pierre, dont je ne me lassais pas d’admirer l’élégance. C’est surtout vue du jardin