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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

M. l’ingénieur en chef Ragois, averti de ce qui se passait au chef-lieu, se hâte de revenir. Il y arrive le 22 septembre.

— Voilà six à sept mille francs qu’on nous vole, dit-il à Wambrée ; et, comme cette somme est partagée entre tous, il sera bien difficile de nous faire faire justice.

Le même jour 22 septembre, M. Ragois rencontre à la promenade M. Volf, secrétaire général, faisant fonctions de préfet.

— À propos, lui dit celui-ci, l’adjudication de Givry est approuvée.

— Qu’est-ce que vous me dites donc ? reprend M. Ragois tout surpris, une adjudication faite le 13, et dont vous avez l’approbation le 22 ! Mais j’ai deux cents lettres de vous relatives à tout autant d’adjudications qui de mon temps ont été faites en ce pays, et jamais vous ne les soumettez à l’approbation qu’après huit ou dix jours.

— Si vous voulez avoir la bonté de passer demain à la préfecture sur les dix heures, répond M. Volf, nous appellerons M. Limon, et sans doute tout vous paraîtra clair comme eau de roche.

Le lendemain, à dix heures, M. Ragois était à la préfecture avec toutes les lettres qu’il pouvait être utile de voir pour éclaircir l’affaire.