Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/66

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son du tambour je vois les jeunes filles du bourg hors d’elles-mêmes de plaisir, et qui accourent sur le pas de leurs portes. Les jeunes gens forment des groupes au milieu de la rue tous regardent le bataillon qui se forme au bout du village vers Paris, et, comme la route est démesurément large, on l’aperçoit fort bien. Je me rappelle cet air de Grétry :

Rien ne plait tant aux yeux des belles
Que le courage des guerriers !

Cela est admirablement vrai en France ; elles aiment le courage aventureux, imprudent, pas du tout le courage tranquille et magnanime de Turenne ou du maréchal Davoust. Tout ce qui est profond n’est ni compris ni admiré en France : Napoléon le savait bien ; de là ses affectations, ses airs de comédie qui l’eussent perdu auprès d’un public italien.

À Fontainebleau, dîné fort bien à l’hôtel de la ville de Lyon. C’est un hôtel Snog (tranquille, silencieux, à figures prévenantes), comme Box-Hill, près de Londres.

Je vais au château au bout de la rue Royale, je le trouve fermé. Rien de plus simple, on s’occupe des préparatifs de la noce. Mais autrefois j’ai fait l’inventaire de Fontainebleau ; un employé de ce temps-là me permet de jeter un coup