Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/71

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Neuvy, le 12 avril.

Je viens de traverser un bien triste pays avant de descendre dans la vallée de la Loire. Je crois qu’on appelle cela le Gâtinais. Depuis Briare, on monte et descend une suite de coteaux fertiles, qui se dirigent tous vers la Loire. Il faudrait au moins, en arrivant à ce fleuve, placer la route sur la digue.




Cosne, 12 avril 1837.

En approchant de la Loire, les arbres commencent à avoir des bourgeons, le pays perd cet air d’aridité profonde qui m’attristait dans le Gâtinais. Comme je traversais un gros bourg sur la Loire, j’ai soif ; l’eau que je vais chercher dans un café puant est atroce. Il faut acheter huit bouteilles carrées, comme celles de la liqueur de Turin, et les placer dans un réduit, derrière les talons de bottes du voyageur. On a ainsi du vin et de l’eau, que l’on renouvelle à chaque fontaine.

Je couche à Cosne, bourg infâme et infâme auberge ; mais j’étais obligé de voir des fabriques d’ancres en fer forgé le long de la Loire. Sur le mur de ces forges,