Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/76

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remarquer à gauche, sur la place, le mur de l’ancienne nef. Il ne reste plus aujourd’hui qu’une tour de la façade, celle de gauche ; elle est du treizième siècle et fort élevée : ses fenêtres divisées en deux, géminées, sont très jolies. Des bas-reliefs qui périssaient attachés au pied de cette tour ont été transportés dans l’église, il y a deux ans, par les soins de M. Mérimée.

Les doigts de quelques-uns des personnages ont la même longueur que leur visage, tandis que les étoffes et les broderies sont exécutées avec une rare perfection. Les yeux des figures de grande proportion sont inscrustés avec du verre rouge foncé ; quelques moulures sont si belles qu’on pourrait les prendre pour antiques.

Je suis revenu à la forge, mon essieu n’était point terminé ; j’ai pris une petite voiture et suis allé visiter les ruines de La Marche, qui autrefois fut une ville. J’ai vu des piliers avec des colonnes engagées : les angles des chapiteaux sont terminés par des têtes d’hommes ou d’animaux : tout cela est horriblement laid. Je ne me sens pas encore assez savant pour aimer le laid, et ne voir dans une colonne que l’esprit dont je puis faire preuve en en parlant.

Cette architecture de La Marche est