Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/94

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Cet avocat a voyagé en Allemagne ; il me conte qu’avant les changements opérés à la suite de nos conquêtes, l’évêque, prince de Bamberg ou de Wurtzbourg, devait, en entrant en charge, recevoir la bibliothèque de l’évêché après inventaire, et jurer de ne détourner aucun livre.

Le dernier évêque, voulant s’acquitter de cette cérémonie, fit découvrir la porte de la bibliothèque ; on y trouva encore intacts les scellés apposés trente et un ans auparavant, à la mort du prédécesseur du prince-évêque auquel il succédait.

Tout le monde voudrait nommer député cet avocat auquel je crois des principes politiques modérés, et qui est de bien loin la meilleure tête du département. Mais il est trop pauvre ; il vit lui et sa famille avec huit mille francs que lui vaut son cabinet, et qu’il ne gagnerait plus s’il allait à Paris.

L’homme pauvre à vingt ans est le seul qui travaille. Quand on voudra des députés qui puissent faire une loi sur les douanes ou sur les chemins de fer, il faudra allouer à ces messieurs quarante francs par chaque séance à laquelle ils auront assisté.