Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/99

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M. Blanc s’approcha du malade et le trouva fort pâle. Il y avait beaucoup d’odeur sur ce lit placé dans une alcôve enfoncée, et presque entièrement dérobé à la vue par des rideaux fort amples. Les notaires s’établirent sur une petite table, à deux pas du lit tout au plus.

Ils demandent au malade s’il veut faire son testament : le malade baisse le menton sur la couverture et fait signe que oui ; s’il veut donner son tiers disponible à son fils, le malade reste immobile ; s’il veut donner ce tiers à sa fille, le malade fait signe que oui à deux reprises. À ce moment un chien de la maison qui entre dans la chambre se met à aboyer avec fureur, et se jette dans les jambes des notaires pour approcher du lit. On chasse le chien avec empressement. On lit le testament au moribond, qui, par plusieurs signes de tête réitérés, indique qu’il approuve tout.

L’acte fini, les notaires se lèvent pour s’en aller ; le mouchoir du notaire Blanc était tombé à terre lors de l’irruption du chien. Il se baisse pour le reprendre, mais, en faisant ce mouvement, il voit fort distinctement sous le lit deux jambes d’homme sans souliers. Il est fort étonné. Il sort pourtant avec son collègue mais, arrivé au bas de l’escalier, il lui conte ce