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PRÉFACE

nombreuses lectures en marge du Molière qui l’avait suivi depuis plusieurs années dans tous ses déplacements[1]. L’ensemble de ce travail critique constitue une sorte d’explication de texte[2], une analyse détaillée, à peine précédée et suivie de temps à autre de réflexions plus générales.

Sous l’empire des circonstances et d’une fièvre qu’il prétendait calmer en dérivant sa pensée vers un projet différent de celui qui le tourmentait, Beyle rassemblait en quelques jours le gros des jugements sur Molière qu’on pourra lire plus loin. Encore faut-il réunir ceux-ci, comme je l’ai déjà indiqué, à de nombreux autres fragments çà et là dispersés, pour se faire une idée complète de ce que pensait Stendhal sur un des sujets les plus chers à son esprit.

Mais ses études ne s’étendaient pas aux seuls auteurs comiques, elles englobaient tous leurs commentateurs. Beyle goûtait

  1. C’était un exemplaire de la petite édition stéréotypée Didot, 1799, en huit volumes.
  2. Il ne faisait que réaliser un projet ancien. Il avait pensé étudier ainsi tous les classiques et nous trouvons dans ses papiers (Manuscrits de Grenoble, R. 302) à la date du 18 nivôse an XII (9 janvier 1804) : « J’ai fait 18 vers aujourd’hui, j’en suis à 305, dès que j’aurai flni les Deux hommes faire pour mon usage seulement un commentaire vers à vers d’Andromaque, Phèdre, Cinna. » Et dès le 6 floréal de la même année (26 avril 1804), il jette sur quelques feuillets des « remarques sur le style de l’immortel Racine ». Mais celles-ci sont trop succinctes et elliptiques pour que nous ayons cru devoir les retenir.