Page:Stendhal - Molière, Shakspeare, la Comédie et le Rire, 1930, éd. Martineau.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
vii
DE L’ÉDITEUR

tout particulièrement les feuilletons de Geoffroy qui, il l’a rapporté, lui faisaient trouver meilleur son déjeuner les jours où il pouvait les lire dans les Débats. Plus tard, les retrouvant en volume, il lui arriva d’imaginer qu’après sa propre mort on pourrait peut-être publier les réflexions critiques qu’il s’était lui-même amusé à tracer.

L’avenir sur ce point encore devait se charger de lui donner raison. Et nous aimons en lui cette prescience, aussi exempte de fausse humilité que de vanité tapageuse.

Lorsqu’il y a quelques années, de dévoués admirateurs cherchaient où accrocher dans Paris son médaillon, il fut un moment question du péristyle de la Comédie-Française. Mais on pensa sans doute que d’en avoir assidûment fréquenté la salle de spectacle n’était pas pour Beyle un titre suffisant d’un honneur aussi éclatant. Si cependant tout ce qu’il écrivit sur Molière avait été mieux connu, aurait-on pu ne pas lui accorder des mérites au moins égaux à ceux de feu Gustave Larroumet, éphémère administrateur du Théâtre-Français, qui, lui, ne se vit pas marchander cette gloire ? Ne le plaignons point toutefois. À la fin de sa vie, la Comédie-Française l’assommait, tandis qu’il a toujours aimé les ombrages, les grisettes et la jeunesse :