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PRÉFACE

« Ce qui est indispensable pour toucher le vulgaire choque les hommes bien nés. De là difficulté et peut-être impossibilité du drame en 1834 et le règne du roman. Idée à méditer. Quand Dominique faisait des drames, on lui disait toujours : Cela est trop fin. Les spectateurs n’y comprendront rien[1]. »

Cette remarque montre assez que Stendhal s’était rendu compte du caractère de son génie et explique pourquoi ayant renoncé au théâtre il écrivit des romans. Elle est confirmée par cette autre réflexion manuscrite qu’il traça sur un exemplaire du Rouge et Noir qui appartient à la bibliothèque Bucci de Civita-Vecchia : « Depuis que la démocratie a peuplé les théâtres de gens grossiers, incapables de comprendre les choses fines, je regarde le Roman comme la Comédie du 19e siècle[2]. »

Cette même idée reprise, élargie, développée, formera encore tout le fond de ce fameux article des Mélanges : Pourquoi la Comédie est impossible en 1836.

  1. Édouard Champion : Un nouvel exemplaire annoté des Promenades dans Rome. Édition du Stendhal-Club, no 19.

    Une autre note tracée également par Stendhal sur l’exemplaire des Promenades dans Rome qui est la propriété de M. Serge André reprend encore la même idée bien que d’une façon plus succincte.

  2. Publiée par M. Paul Arbelet dans Stendhal relu par Stendhal, Revue de Paris, 15 Novembre 1917.