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LA COMÉDIE

(peu d’énergie qui vient de l’expérience), m’attristent si fort, me tournent tellement à l’attendrissement, sur le sort général de l’humanité, que quoiqu’on allât donner la pièce à la mode le : Sérail en goguette, où Potier a un bon rôle, j’ai été obligé de sortir malgré ma raison, et je suis venu lire cette plate rapsodie nommée Biographie universelle.

Quelque chose d’aérien, de fantastique dans le comique, quelque chose qui donne des sensations analogues à celles que produit la musique.

Geoffroy dans son bon feuilleton du 16 décembre 1813, sur l’Étourdi, dit, en lui comparant les Folies amoureuses :

« Je ne sais laquelle des deux pièces est la plus folle : celle de Regnard n’est pas d’un comique meilleur que celui de l’Étourdi. Ce n’est qu’un tissu d’extravagances, mais la prodigieuse gaîté du dialogue fait tout passer.

« Regnard est un bel esprit ivre. »

C’est cette dernière raison qui me fait plaisir[1]. Pour que ce genre de gaîté me plaise il ne faut pas que le bel esprit ivre songe à tous moments qu’il fait de jolies choses. Il ne doit penser à cela qu’une fois pour toutes, en commençant sa pièce. Je

  1. Cela a été éclairci par la théorie du beau idéal moderne, vue le 1er novembre 1814.