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LA COMÉDIE

Pour qu’une représentation avec laquelle nous croyons n’avoir de rapports que ceux que nous établissons volontairement en la regardant fasse une impression autre que celle de simple curiosité, il faut que nous espérions plus de bonheur de la vue du spectacle que de toute autre chose que nous pourrions faire dans cet instant.

Un corollaire de ce principe est qu’il faut que nulle douleur ne nous tienne attentif ailleurs.

Le poète ou la nature peuvent nous présenter des personnages de telle sorte qu’au lieu de sympathiser complètement avec eux, nous ne les considérions que par les rapports qu’ils pourraient avoir avec nous.

Il ne faut pas prendre pour sympathie le désir de mieux connaitre ces rapports, qui nous fait entrer dans leurs motifs et qui faisant que nous les reconnaissons nous fait dire : C’est naturel.

Voilà les principes de la tragédie et de la comédie. Le poète tragique nous fait considérer nous-même dans les autres. Le comique : les rapports des autres avec nous.

Dans la tragédie nous n’avons besoin des actions qui intéressent le protagoniste auquel nous nous intéressons, qu’en canevas. Nous n’avons que faire de considérer