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LA COMÉDIE

raisonnable, il faut commencer par connaître la chose raisonnable.

L’homme aimable qui rit d’un ridicule (Pacé sur l’Étoile de Dugazon) s’il sait lire dans ses sensations et faire en sorte que les gens qui lui ressemblent aient dans le même ordre les mêmes sensations que lui pourra bien les faire rire du même ridicule qui l’a fait rire.

Le poète comique outre ce premier travail peut encore en faire deux autres : le premier sublimer les ridicules, le deuxième faire trouver ridicule dans le monde une chose que par sa connaissance de l’homme il a découvert devoir paraître ridicule aux gens du monde dès qu’elle leur sera développée. C’est ce que fit Molière dans les Précieuses ridicules.

Le ridicule exige donc une connaissance profonde de ceux que l’on vient faire rire pour leur proportionner le développement de la chose qu’ils doivent trouver ridicule.

Y a-t-il quelque exemple que le public soit revenu d’un développement ? C’est-à-dire qu’il ait cessé de rire d’un ridicule toujours existant ? Je ne crois pas. Je vois que jusqu’ici les comédies sont tombées 1o ou parce que les vices sont tombés, 2o ou parce qu’on en a fait de meilleurs sur le même sujet (Philinte meilleur que l’Homme du jour).