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LE RIRE


IV

des obstacles au rire


La France serait-elle la patrie du rire, comme l’Italie celle des beaux-arts ?

La religion encourage, en Italie, la peinture des miracles et des saints ; ce n’est qu’une espèce de peinture, toutes les espèces prospèrent.

De même, la cour, en France, n’encourage qu’une seule espèce de rire, le rire satirique, fondé sur la non-ressemblance à un modèle, et tous les rires prospèrent.

Tout homme, je ne dis pas passionné, mais seulement occupé sérieusement de quelque chose ou de quelque intérêt, ne peut rire ; il a bien autre chose à faire que de se comparer oiseusement à son voisin[1].

Les gens tristes et moroses, la plupart des Anglais de quarante ans, sont dominés, habituellement, par l’agréable préoccupation de craindre quelque grand malheur.

Les Denon, les Henrion de Pansey, les Matthieu Dumas, les Donézan, les Jearjailles, doivent être rares en Angleterre.

  1. Donc, la république est contraire au rire.