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MOLIÈRE

Français et noter les endroits où l’on rit. Me rappeler ensuite, en composant, le résultat de ces observations. Principe : Il est reconnu que le comique glisse sur tout homme passionné. Il est trop occupé à la recherche du bonheur pour songer à se comparer au personnage ridicule que vous faites passer sous ses yeux. Je suis passionné, ou du moins fortement occupé en étudiant Molière. Donc, je puis laisser passer sans rire des choses très comiques qui ont d’ailleurs cet autre inconvénient que je les sais presque par cœur. Jusqu’ici (page 11) je n’ai pas ri. Je me suis seulement souvenu qu’on rit à cette plaisanterie :


Quelque petit savant qui veut venir au monde.


Il me semble que Collé, le fond de la scène donnée, eût pu y mettre cinq ou six plaisanteries du ton du plus grand monde, qui auraient fait rire davantage qu’on ne rit actuellement. Cette idée est peut-être téméraire ; d’ailleurs le ton du grand monde s’est, je crois, extrêmement perfectionné de l’an 1672 à l’année 1772. Je ne crois pas qu’à la première de ces époques, il y eut aucun salon aussi agréable, d’aussi bon ton (l’art de se donner du plaisir avec la langue, sans gamaüchage et entre indifférents) que celui de Mme  du Deffand.