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MOLIÈRE

Il n’eût rien manqué à mon bonheur depuis deux mois, si, dès le 10 ou le 15 septembre, je me fusse mis à lire Molière la plume à la main. Mes occupations d’Auditeur ont si souvent interrompu ce genre de travail que je n’en ai plus l’habitude ; il faut que l’ennui que m’inspire la société et les livres me jette dans le travail.

Cela posé.

Quel est le but de Molière dans George Dandin ? Sans doute d’abord de faire rire, mais quelle est la vérité morale qui, dans l’esprit des spectateurs, sert de lien et d’exposition à ses situations comiques et à ses plaisanteries ? La voici :


Ah ! qu’une femme demoiselle est une étrange affaire !


Quels sont les désavantages possibles d’une telle alliance ?

1o Être ruiné par la famille noble et pauvre à laquelle on s’allie.

2o En éprouver des mépris qui empoisonnent le cours habituel de la vie.

3o 1o Être cocufié d’une manière scandaleuse et telle qu’une fille, votre égale, n’aurait pas osé se le permettre.
2o Bien plus, par la circonstance que la fille est noble.