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et de moelleux qu’il savait donner aux ronds de jambes et aux entrechats de ses petits figurants de bois. Il n’était pas rare d’entendre dire à Milan que la première marionnette de Girolemo valait mieux que le premier danseur de la Scala. Le principal personnage comique des pièces de Girolemo n’était pas, comme à Rome, Cassandrino. Dans un pays où le gouvernement n’est pas exclusivement entre les mains des célibataires, un pareil caractère eût manqué de sel. Granduja personnage comique employé par Girolemo, est un valet piémontais qui, étonné des mœurs et des usages du bon peuple de Milan, fait là-dessus les plus drôles observations dans le patois de son pays. Il y a quelque gaieté dans l’idée d’un tel personnage, qui, surpris de tout ce qu’il voit, en demande la raison, ou se l’explique à lui-même par les suppositions les plus burlesques et les plus caustiques. Les Italiens aiment beaucoup dans leurs comédies impromptu ces caractères invariables, dont les habitudes sont de tradition et connues d’avance. Ils épargnent l’ennui d’une exposition ou d’une explication : de là la vogue d’Arlequin, de Pantalon, de Brighella, et il paraîtrait, d’après quelques découvertes faites dernièrement à Naples, que des personnages semblables