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Romains venait surtout de ce que cette insolence anglaise avait lieu sous un ministère non ami des Anglais. Voilà un trait bien remarquable dans l’histoire morale d’un peuple gâté par quatre siècles du despotisme le plus complet qui soit en Europe.

Les Anglais font beaucoup de dépenses à Rome ; mais comme ils ont toujours peur d’être trompés, ils dépensent leur argent sans grâce. Au contraire de M. Demidoff, qui dit publiquement : « Un homme comme moi, qui a huit mille francs de rente par jour et qui en dépense deux à Rome, ne doit jamais s’apercevoir qu’on lui vole cent louis par mois. » Cette résolution peut n’être pas morale, mais les Romains sont tellement démoralisés, que la conduite d’un étranger ou de mille étrangers n’y fait rien. M. Demidoff à qui l’ultracisme de Léon XII vient de faire déserter Rome pour Florence, M. Demidoff se proposait de consacrer cent mille francs à l’enlèvement des terres qui couvrent le forum romain, ce qui l’eût entièrement déblayé. M. Demidoff est adoré à Rome ainsi que tous les Russes ; tandis que, grâce à leur économie grondeuse, les Anglais sont haïs de ce peuple romain qui, sans eux, mourrait de faim. Car l’on voit fort rarement à Rome un Français ou un Allemand riche. Les hôtels chers sont occupés par