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rable de conserver ainsi leur indépendance que de fléchir le genou devant l’autorité pontificale. Le souvenir des républiques du moyen âge agissait encore puissamment sur les esprits, il troublait toutes les têtes ; en un mot, le but semblait légitimer les moyens. C’était plutôt un esprit d’opposition au gouvernement, qu’une intention préméditée d’attenter à la fortune et à la vie de simples particuliers, qui animait ces hommes doués d’une si sauvage énergie. Alphonse Piccolomini, duc de Montemariano, et Marco Sciarra, dirigèrent avec succès des bandes contre les armées du pape.

Piccolomini passa en France, dans l’année 1582, y trouva du service militaire et y séjourna huit ans. Le 16 mars 1591, Ferdinand, grand-duc de Toscane, le fit pendre, malgré les réclamations de Philippe II et de Grégoire XIV, dans les États duquel il avait répandu la désolation. La petite armée de Piccolomini se composait de tous les malfaiteurs de la Toscane, de la Romagne, de la Marche et du Patrimoine de Saint-Pierre.

Sciarra fut le chef d’une bande nombreuse et redoutable qui, sous Grégoire XIII et vers la fin du xvie siècle, ravagea les États romains et les frontières de Toscane et de Naples. Cette troupe