Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/318

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le cas est un peu différent. Plus le cercle des combinaisons politiques est resserré dans un pays, plus on cherche les occasions de se distinguer au dehors. La diplomatie est, pour eux, ce que sont pour nous les débats parlementaires ; un homme déploie tout son génie dans les ingénieuses tactiques des cabinets étrangers, et revient avec une grande provision de petite sagesse pour l’usage et l’admiration de ceux de ses contemporains qui n’ont pas voyagé. À la vérité, il est survenu parfois des circonstances où des talents d’une trempe plus ferme sont devenus nécessaires ; et l’Alexandre de notre siècle a souvent tranché, d’un seul coup de sabre, tous les nœuds gordiens et tous les sophismes de ces très prudents personnages, à peu près comme un téméraire écolier balaierait du bout du doigt les plus savantes fortifications d’une araignée. Il réduisit, à fort peu de chose près, l’art des négociations, aux deux importants monosyllabes qui décident toute affaire humaine ; et l’expression péremptoire de ses volontés, l’extrême simplicité de sa logique, renversèrent tout l’échafaudage de savoir et d’argumentations compliquées de ces très habiles et très nobles dialecticiens. Mais les bons vieux temps de la diplomatie sont revenus ; la solennité officielle, la science des délais