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les quatorze ans qu’a duré le despotisme du tyran ? Il y a huit jours qu’un officier a tiré un coup de pistolet au portier d’un homme riche fort en crédit. Comme l’officier était noble, il passa pour fou, on l’a renvoyé passer quelques mois chez son père.

Avant-hier un de ces jeunes gens qui portent des épaulettes a insulté un bourgeois qui lui a donné vingt soufflets et a fini par lui prendre son épée et le fustigea avec cet instrument de l’honneur. Le jeune homme a fait mettre son adversaire en prison où il est pour longtemps[1].

Remarquez que le père du peuple est un brave homme nullement remarquable en mal. Il a rapporté de l’école du malheur si importante sous la plume éloquente de M. de Chateaubriand, l’habitude de siffler des marches et le désir que tous ses sujets qui ne sont pas militaires portent toujours l’habit noir et l’épée.




  1. Ce qui ne m’a pas étonné, on m’a conduit a un beau théâtre où le premier rang des loges est réservé aux gens présentés à la Cour et les deux suivants à l’exclusion de tout bourgeois quelque riche qu’il soit.

    Un ambassadeur me disait à ce sujet : on disait de l’ancienne monarchie française que c’était un despotisme tempéré par des chansons, on peut dire de ce gouvernement que c’est un despotisme tempéré par l’ineptie de ses ministres.