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chante en domino avant d’entrer au bal produit un fort bon effet. Mais ce terzetto fait vivement regretter Davide le fils qui l’an dernier faisait don Ottavio. En revanche votre Commandeur de cette année (Cavara) vaut beaucoup mieux que l’autre. J’ai vu plusieurs jolies femmes frémir lorsque du haut de son cheval de marbre il interrompt par des sons si terribles la conversation libertine de don Juan et de Leporello.

Je lui ferai observer seulement qu’au deuxième acte, lorsqu’il a remis son assassin don Juan aux mains des diables, il ne doit pas s’esquiver de la scène en courant, mais marcher d’un pas majestueux et indiquer un sentiment d’horreur. L’affectation tue l’illusion et avec l’illusion l’effet dramatique. Je conseille donc à Cavara de ne pas marcher d’une manière si forcée lorsqu’il se rend au souper de don Juan. Je ne vois pas où il a pris la nécessité de faire des pas énormes et ridicules.

Pacini fait rire. Peu lui importe par conséquent le sentiment de la critique. Sans quoi je lui dirais que dans le fameux trio où il invite la statue à souper ses gestes ne sont que des contorsions dignes des tréteaux, mais qui ne rendent nullement la terreur. Le malheureux qui éprouve cette émotion ridicule, cherche en vain l’usage