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RACINE ET SHAKSPEARE

Quelque classique et peu nouvelle que soit cette plaisanterie, le sûr moyen de se faire lapider eût été de la rappeler le jour où l’Académie fut tout à coup tirée de sa langueur accoutumée par la voix du rapporteur de son dictionnaire, appelant le mot fatal Romantique entre les mots Romarin et Romaniste. M. Auger lit sa définition ; à l’instant la parole lui est enlevée de toutes les parties de la salle. Chacun s’empresse de proposer, pour terrasser le monstre, quelques phrases énergiques ; mais à la vérité elles appartiennent plutôt au style de Juvénal qu’à celui d’Horace ou de Boileau ; il s’agit de désigner clairement ces novateurs effrénés qui prétendent follement qu’il se pourrait qu’on arrivât enfin, et peut-être, hélas ! de nos jours, à faire des ouvrages plus intéressants et moins ennuyeux que ceux de messieurs de l’Académie. Le plaisir si noble de dire des injures à des ennemis sans défense jette bientôt les académiciens dans un transport poétique. Ici la prose ne suffit plus à l’enthousiasme général, l’aimable auteur des Étourdis[1] et de tant d’autres comédies froides est prié de lire une satire qu’il a faite dernièrement contre

  1. Andrieux. N. D. L. É.