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RACINE ET SHAKSPEARE

Romain, il regarde même le jury comme une corvée, etc. Par ce genre de défense, les rois ont été faits hommes ; ils sont aimés, mais non plus adorés. Madame du Hausset nous apprend que leurs maîtresses se moquent d’eux comme les nôtres de nous ; et M. le duc de Choiseul, premier ministre, fait avec M. de Praslin un certain pari que je ne puis raconter.

Du jour que les rois n’ont plus été regardés comme des êtres envoyés d’en haut, tels que Philippe II et Louis XIV ; du jour qu’un insolent a prouvé qu’ils étaient utiles, leur mérite a été sujet à discussion et la comédie a dû abandonner pour toujours les plaisanteries sur les courtisans. Les ministères se gagnent à la tribune des chambres et non plus à l’Œil-de-Bœuf : et vous voulez que les rois tolèrent la plaisanterie contre leurs pauvres cours déjà si dépeuplées ? En vérité, cela n’est pas raisonnable. Le leur conseilleriez-vous si vous étiez ministre de la police ? La première loi de tout individu, qu’il soit loup ou mouton, n’est-elle pas de se conserver ? Toute plaisanterie contre le pouvoir peut être fort courageuse, mais n’est pas littéraire.

La moindre plaisanterie contre les rois ou la sainte alliance, dite aujourd’hui au Théâtre-Français, irait aux nues, non pas