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RACINE ET SHAKSPEARE

faire de vous parler de New-York et de nom supposé ? Vous imprimeriez vos épîtres dialoguées à Paris, qu’au lieu d’être pour vous une route sûre pour Sainte-Pélagie, elles seraient seulement pour votre libraire une route assurée pour l’hôpital, ou bien il mourrait de douleur comme celui qui paya douze mille francs l’Histoire de Cromwell.

Ingrats que vous êtes, ne vous plaignez donc plus de cette bonne censure, elle rend à votre vanité le plus grand des services, elle vous sert à persuader aux autres, et peut-être à vous-même, que vous feriez quelque chose si…

Sans messieurs les censeurs, votre sort serait affreux, écrivains libéraux et persécutés ; le Français est né plaisant, vous seriez inondés de Mariage de Figaro, de Pinto, en un mot, de comédies où l’on rit. Que deviendraient alors, je vous le demande, vos froides pièces si bien écrites ? Vous joueriez en littérature précisément le même rôle que M. Paër en musique, depuis que Rossini a fait oublier ses opéras. Voilà tout le secret de votre grande colère contre Shakspeare. Que deviendront vos tragédies, le jour où l’on jouera Macbeth et Othello, traduits par madame Belloc ? Racine et Corneille, au nom desquels vous parlez, n’ont rien à