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SECONDE PARTIE

« Du temps de l’Homme aux quarante ëcus, un Écossais, M. Home, critiquait les plus beaux endroits de l’Iphigénie de Racine, comme aujourd’hui M. Schlegel critique les plus beaux endroits de Phèdre ; et de même que l’Allemand de nos jours, l’Écossais de cette époque donnait le divin Shakspeare comme le vrai modèle du goût. Il citait, comme exemple de la belle manière de faire parler les héros de la tragédie, un discours de lord Falstaff, chef de la justice, qui, dans la tragédie de Henri IV, présentant au roi un prisonnier qu’il vient de faire, lui dit avec autant d’esprit que de dignité : — Sire, le voilà ; je vous le livre ; je supplie Votre Grâce de faire enregistrer ce fait d’armes parmi les autres de cette journée, ou… je le ferai mettre dans une ballade avec mon portrait à la tête… Voilà ce que je ferai, si vous ne rendez ma gloire aussi brillante qu’une pièce de deux sous dorée et alors vous verrez dans le clair ciel de la renommée ternir votre gloire comme la pleine lune efface les charbons éteints de l’élément de l’air, qui ne paraissent autour d’elle que comme des têtes d’épingles. J’ai cru devoir passer quelques expressions, par trop romantiques aussi. »

Quel est l’écolier qui ne sait pas aujourd’hui que Falstaff n’est point un grand