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PRÉFACE

n’avait grand goût, au fond, ni pour Hugo et Vigny, ni pour Nodier. À peine mentionnait-il, et toujours presque dédaigneusement, leurs œuvres dans le courrier littéraire que pendant sept ou huit ans il envoya régulièrement aux journaux anglais, particulièrement au New-Monthly Magazine et au London Magazine. Il n’y ménageait en réalité pas plus les romantiques que les classiques. Et le lecteur qui ne se laissait point piper par une question de vocabulaire ne découvrait pas toujours facilement quels étaient les alliés naturels de cet écrivain.

Le discours d’Auger change tout à coup la position des adversaires. Le romantisme, devenu suspect au trône et à l’autel, tend comme en Italie et en Allemagne à se fondre avec le libéralisme. En combattant pour lui on va donc pouvoir faire de l’opposition au gouvernement et se réclamer de la liberté. Une aussi brusque volte-face enchante Stendhal qui décide aussitôt d’écrire une nouvelle brochure pour répondre à Auger. Il pourra non seulement y soutenir ses théories littéraires mais encore laisser entendre à mots couverts quelles sont ses préoccupations politiques. Il ne s’en fera pas faute.

Quarante-huit heures après le discours d’Auger, Stendhal a résolu de lui répondre et il s’inquiète d’un éditeur. Il charge son