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RACINE ET SHAKSPEARE

les convenances qui sur le continent sont une source si abondante de grâces. Mais, à la grossièreté près, la réponse énergique et brève du tory rend toute ma pensée sur le nouvel ouvrage de l’auteur de la Mascheroniana.

Nous craignons que, pour ne s’être pas rappelé ce petit apologue, il ne se trouve exposé aux aigres clameurs des pédants et aux reproches un peu plus graves de la jeunesse et des philosophes.

Quel dommage qu’en fait de théorie du langage, on soit obligé de dire de ce grand poète, qui a donné de si beaux modèles : Non erat ille lux, sed ut testimonium perhiberet de lumine.

Les Toscans veulent nous imposer despotiquement leur langue comme s’ils nous avaient vaincus en dix batailles rangées. Ils ont tous les ridicules des prétentions dénuées de pouvoir, et encore ils ne veulent pas nous imposer leur langue actuelle, mais le langage dur des Toscans à demi-barbares qui vivaient en 1400.

Les philosophes de la Haute Italie veulent qu’on parle la langue qu’ont parlée depuis cinq siècles les deux cents auteurs italiens dont les ouvrages passent généralement pour les meilleurs. Non seulement nous voulons parler la langue de Dante et de Parini, mais encore celle de Spalanzani, de Filangieri, de Vico, de Genovesi ; nous ne voulons avoir nul égard pour le Vocabulaire de la Crusca, que l’auteur lui-même avoue être un ouvrage de parti.