Page:Stendhal - Souvenirs d’égotisme, 1927, éd. Martineau.djvu/137

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a l’air différent de Mme Edwards me semble souvent damnable affectation et pour un instant ferme hermétiquement mon cœur.

Voilà un de mes grands malheurs, l’éprouvez-vous comme moi ? Je suis mortellement choqué des plus petites nuances.

Un peu plus ou un peu moins des façons du grand monde fait que je m’écrie intérieurement : Bourgeoise ! ou poupée du boulevard Saint-Germain ! et à l’instant je n’ai plus que du dégoût ou de l’ironie au service du prochain.

On peut connaître tout, excepté soi-même : « Je suis bien loin de croire tout connaître, » ajouterait un homme poli du noble faubourg attentif à garder toutes les avenues contre le ridicule. Mes médecins, quand j’ai été malade, m’ont toujours traité avec plaisir comme étant un monstre, pour l’excessive irritabilité nerveuse. Une fois, une fenêtre ouverte dans la chambre voisine dont la porte était fermée me faisait froid. La moindre odeur (excepté les mauvaises) affaiblit mon bras et ma jambe gauche, et me donne envie de tomber de ce côté.

— Mais c’est de l’égotisme abominable que tous ces détails !

— Sans doute, et qu’est ce livre, autre