Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/273

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Les Alliés avançant en France, étaient tout étonnés ; ils croyaient les trois quarts du temps, marcher dans une embuscade. Comme, malheureusement pour l’Europe, l’esprit chez eux ne correspondait pas à la fortune, les Alliés se trouvèrent dans les mains des premiers intrigants qui osèrent prendre la poste et aller jusqu’à leur quartier général. M. [de Vitrolles] fut le premier qui arriva avec des lettres de créance de l’abbé Scapin[1]. Ils disaient qu’ils parlaient au nom de la France et que la France voulait les Bourbons. L’effronterie de ces deux personnages égaya beaucoup les généraux alliés. Quelque bons que fussent les Alliés, ils sentirent cependant un peu le ridicule d’une telle prétention.

M. de Talleyrand abhorrait Napoléon qui lui avait ôté un ministère auquel il était accoutumé. Il avait le bonheur de loger le monarque qui, pendant un mois, fut le maître et le législateur de la France. Pour gagner son esprit, il se servit de tous les moyens et fit paraître l’abbé Scapin et d’autres intrigants qui se donnèrent pour les députés du peuple français.

Il faut avouer que ces moyens d’intrigue étaient misérables. Ils furent rendus excel-

  1. Par prudence Stendhal désigne sous ce nom l’abbé de Pradt. N. D. L. É.