Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/65

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courage, dans les salles législatives, est fort rare en France, l’histoire doit conserver le nom du député Bigonnet de Mâcon. Ce brave député eût dû tuer Bonaparte.

Le reste du récit est moins sûr. On prétend que Bonaparte, entendant le cri terrible de Hors la loi, pâlit et ne trouva pas un seul mot à dire pour sa défense[1]. Le général Lefèvre vint à son secours, et l’aida à sortir. On ajoute que Bonaparte monta à cheval, et, croyant le coup manqué à Saint-Cloud, galopa vers Paris. Il était encore sur le pont, lorsque Murat parvient à le joindre et lui dit : « Qui quitte la place, la perd ». Napoléon, rendu à lui-même par ce mot, revient dans la rue de Saint-Cloud, appelle les soldats aux armes et envoie un piquet de grenadiers dans la salle de l’Orangerie. Ces grenadiers, conduits par Murat, entrent dans la salle. Lucien, qui avait tenu bon à la tribune, reprend le fauteuil et déclare que les représentants qui ont voulu assassiner son frère sont d’audacieux brigands, soldés par l’Angleterre. Il fait décréter que le Directoire est sup-

  1. Je crois [du] devoir de l’historien de son temps d’écrire les faits sûrs et non les doutes on les ouï-dire. Il faut éclaircir ce fait ou le retrancher. (Note de Vismara.) — Non. (Note de Stendhal.)